Julie —
Un peu plus d’un mois après mon dix-huitième anniversaire, le 29 juillet 2019, j’ai découvert Slowly comme par hasard, sur le Play Store. Au dépit de circonstances délicates sur le plan personnel, ni une ni deux, je l’ai installée sans attendre, curieuse et intriguée par le concept lui-même. Je n’avais pas grand chose à perdre. Slowly, en soi, me faisait beaucoup rappeler ce vieux site internet qui existe toujours aujourd’hui — Students of the world — où l’on pouvait envoyer des mails à des correspondants du monde entier.
Ainsi, avec Slowly, j’avais vraiment envie de retrouver ce je connaissais déjà auparavant, ce dont j’avais déjà fait l’expérience des années plus tôt, des correspondances en ligne.
C’est avec le cœur plutôt emballé que je commençais à envoyer mes premières lettres. Beaucoup de lettres, à droite et à gauche. Des mots, des phrases, ou des bouts de phrases qui semblent plus maladroits qu’autre chose. A vrai dire, je trouvais que Slowly était véritablement l’application idéale pour progresser verbalement, quelle que soit la langue dans laquelle on s’exprime. J’avais un anglais pitoyable, même après mes examens, que la seule manière d’être compréhensible pour les autres restait le fait d’écrire ces mêmes phrases tout aussi simples, banales et fades à la fois. L’intérêt d’écrire pour les correspondants, au fond, était relégué au second plan. Tout ce qui m’importait au départ : faire des progrès en anglais.
Un mois plus tard, en quête d’un substitut, probablement, j’ai continué à envoyer et à recevoir une quantité de lettres. Certaines, voire beaucoup, étaient similaires à mes premières lettres. Je ne m’en faisais pas, je sais que chaque personne qui aborde cet univers a besoin de prendre ses marques. Contrairement à ce que certains croient, ce n’est pas si simple d’écrire une missive pour la première fois à un étranger !
Je crois sincèrement, avec du recul, que Slowly m’a appris beaucoup plus de choses que je ne le pensais au départ.
J’étais passée par toutes les conversations. Des plus simples et banales, aux plus complexes, profondes, belles… Des pensées, des croyances, des questionnements qui incitent à la réflexion. Des très courtes, mais aussi plus longues. Malheureusement, certaines des courtes conversations que j’ai eu étaient aussi les plus intéressantes. Pas jusqu’à maintenant, mais elles m’auront marqué pendant un certain temps. Encore aujourd’hui, je regrette qu’un lien puisse s’éteindre de cette manière, si brusquement. Peu importe la question du temps, des études, du temps, encore et toujours. C’est la même chose et je suis concernée également. Cependant, j’aurais voulu continuer, aujourd’hui même, à m’exprimer avec ces personnes.
Deux êtres fondamentalement différents, quelles que soient leurs différences, forment toujours ensemble, la possibilité d’un lien, d’une connexion durable et profonde. Peu importe la nature de ce lien. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas les mêmes intérêts que nous ne pouvons pas ne pas trouver de terrain d’entente. Je trouve ça dommage d’établir nos relations seulement sur ce que nous apprécions dans la vie, mais cela n’a pas tant d’importance finalement. Je ne suis pas poète. Je préfère rester moi-même. Ou du moins, j’ai essayé de rester dans cette optique. D’accepter l’autre tel qu’il est et d’embrasser toutes ces différences, qui nous ont plus séparés que rassemblés. J’ai eu dû mal avec ça ; lorsque j’écris toutes ces phrases, il m’est difficile de ne pas me rappeler de ces souvenirs.
Tous ces liens ont forgé ce qui est devenu mon expérience sur Slowly. Je ne ferais pas d’éloges sur une conversation en particulier, même si j’aimerais bien, mais ce n’est pas le but ici. (Slowly n’est pas qu’une application de rencontres amoureuses.) Je veux juste vous raconter mon histoire, mon expérience, et ainsi montrer à quel point cette application merveilleuse m’a changée.
L’année d’après, dans la continuité de ce j’ai vécu, j’ai commencé à me lasser de Slowly. C’est à ce moment précis que répondre aux lettres devenait de plus en plus compliqué pour moi, d’autant plus que mes études passent avant tout. J’écrivais mécaniquement, sans plus me soucier de la personne à qui je m’adressais. Cela a duré deux-trois mois, tout au plus. Puis un beau jour, j’ai décidé de ne plus retourner du tout sur Slowly pour un bon moment au moins.
Je pense que ce break était nécessaire, pour peut-être mieux revenir plus tard. Qui sait ? … Finalement, au milieu de juin, j’ai ré-ouvert Slowly et me suis surprise à écrire de nouveau à de nouvelles personnes. J’ai même répondu à d’anciennes lettres, même si en réalité je doutais que mes réponses finiraient par être vues un jour. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, j’ai reçu une autre lettre en réponse ! Depuis ce jour, ce retour, je n’ai cessé d’écrire jusqu’à présent. Chaque jour, c’était un plaisir de recevoir, de lire et d’écrire. Et même, en plus d’avoir un anglais bien meilleur que celui que je connaissais, j’ai appris que ce n’est plus la seule raison d’être ici, loin de là. Le partage, ce pourquoi cette application existe, c’est de cela que naît l’amitié entre deux personnes.
Je crois que l’amitié est la plus belle chose qui puisse exister en ce monde. Tout le monde a besoin d’amis.
Le 29 juillet 2020, cela faisait déjà un an que j’ai téléchargé Slowly. Le lendemain, j’apprenais avec surprise que l’on célébrait la journée internationale de l’amitié. J’ai partagé à cette occasion une story sur Instagram où j’y racontais mon histoire, et remercié certains de mes correspondants à qui j’écris. Malheureusement, que j’ai perdus de vue pour l’instant ; depuis je garde espoir qu’un jour nos chemins se croiseront de nouveau.
Je veux remercier à présent toutes celles et ceux qui ont l’occasion de m’écrire. Qu’importe la durée et la qualité de nos correspondances. Une, deux fois, plusieurs, voire même jusqu’à quelques dizaines de lettres ensemble. C’est juste incroyable.
De Suède, en passant par la Finlande, la Corée du Sud, le Vietnam, l’Australie, le Canada, mais aussi en France et encore ailleurs… Grâce à tous ces échanges, en partie, je me suis mise à envisager de nouvelles perspectives pour l’avenir, notamment celle d’étudier à l’étranger un jour.
C’est vraiment génial de pouvoir échanger avec des personnes qui ont chacune quelque chose de différent à partager au monde.
J’espère que nous continuerons à nous écrire pendant longtemps encore et encore. Tout ce que je sais à présent, c’est que je ne regrette pour rien au monde d’avoir échangé avec vous ici.
Je tiens également à remercier infiniment les créateurs et toutes les autres personnes qui contribuent au fonctionnement de cette merveilleuse application, Slowly, sans qui je n’aurais sans doute jamais vécu cette expérience.
Merci pour tout.