Originally written in English. Translated by Melom.

e n’ai pas d’histoire de vie dramatique ou probablement extraordinaire liée à Slowly. Non pas qu’il y ait quelque chose de mal à cela, je me sens toujours empathique ou même fascinée lorsque je lis les histoires Slowly des autres, qui racontent comment un ancien inconnu a changé leur vie, comment ils ont trouvé quelqu’un à qui s’ouvrir, comment ils ont trouvé le soutien qui leur manquait auparavant. En fait, alors que j’énumère ces choses, je me dis que je vais devoir changer légèrement l’orientation initiale de mon récit, car toutes ces choses s’appliquent à moi aussi.

Mon ami, mon correspondant, qui fait partie de ma vie depuis de nombreux mois maintenant. Il m’a récemment dit que j’étais le meilleur auteur d’essais et de lettres, ce qui peut paraître exagéré, mais qui s’inscrivait dans le contexte et qui, en tout cas, m’a fait chaud au cœur et m’a fait sourire. Et c’est certainement une source d’inspiration, car cela m’a amené à écrire ces paragraphes dans Word dans l’espoir de terminer cette histoire (mise à jour : je l’ai fait !).

C’est fou comme les gens peuvent bien s’entendre. J’étais en train de me brosser les dents et j’ai soudain été frappée par une pensée : imaginez le nombre de cases qui auraient dû être cochées dans le plan de l’univers ou de n’importe qui d’autre pour que deux personnes se rencontrent, soient sur la même longueur d’onde et travaillent bien ensemble. Dans une sorte d’imperfection mais juste comme il faut, où même si parfois l’ambiance n’est pas au beau fixe ou qu’une légère erreur de communication apparaît (peut-on jamais y échapper ?), vous savez pertinemment – et vous vous y fiez profondément parce que c’est si simple et pourtant si vrai – qu’il est là pour vous et que vous êtes là pour lui. C’est ce sentiment de confiance et de sérénité, très précieux pour moi dans une phase de vie plutôt instable, qui efface tout le reste et lui donne un sens.

Je dis de temps en temps cette phrase courante « Rien n’est parfait » et mon ami aime la contester. Il dit toujours qu’il est sûr que quelque chose l’est. Je le respecte, même si je ne partage pas cette conviction. C’est là que nos points de vue sur la vie diffèrent. J’aime qu’il en soit ainsi. Nous avons ces longues discussions sur la moralité, le bonheur, l’amour, la vie, qui nous conduisent parfois à un consensus, mais même quand ce n’est pas le cas, elles nous permettent d’explorer l’incertitude que toutes ces questions suscitent et d’approfondir ce que nous croyons nous-mêmes. Parfois, ces discussions ne peuvent avoir lieu que sous forme écrite. Sous forme de lettre. Dans des circonstances où il vous faut des heures pour rédiger une lettre et où vous attendez encore jusqu’à ce que vos mots arrivent à destination.

Mon ami a été témoin de grands changements dans ma vie – certaines de mes premières fois, mes déménagements, mes ruptures d’amitié de plusieurs années – et j’ai été témoin de ses changements à lui aussi. N’est-il pas amusant de constater à quel point on peut développer une relation étroite juste avec des mots ? Les mots ont un tel pouvoir, surtout si vous y mettez du vôtre, comme Slowly nous demande de le faire. C’est magnifique.

J’en viens à penser que les relations humaines sont incroyablement complexes. Les humains le sont, en fait. Sans le vouloir, j’ai développé cette théorie des trois C essentiels à une bonne relation : conversation, communication et connexion. Nous, les humains, sommes capables non seulement d’entamer une conversation, mais aussi de former et de maintenir une connexion par le biais de l’acte de communication sur Internet, sans contact physique, sans même se voir trop souvent – et c’est un phénomène unique (einzigartig, dirait probablement mon ami allemand, mais depuis que j’ai commencé à apprendre la langue, je peux aussi l’utiliser de temps en temps) pour lequel Slowly est formidable.

C’est sur cette note que je voudrais terminer mon essai et partir pour continuer à créer les C avec mon ami. Voilà donc mon histoire Slowly. L’histoire du calme et de la croissance.